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LES ACTIVITÉS PHYSIQUES ADAPTÉES EN PSYCHIATRIE | |||
Hôpital 2004 : sur un fond de mouvance institutionnelle,
le tableau est celui d'une unité de soins classiques, accueillant
28 à 30 patients pour lesquels le soin s'organise à deux niveaux.
Le « temps d’accueil et d’observation » qui s’adresse
aux patients hospitalisés pour la première fois ou en rupture
de soins depuis plus d’un an. Il doit permettre une évaluation
précise et rapide de la situation du patient et l’élaboration
d’un projet de soins. Et puis, il y a les patients « au long
cours » pour lesquels le temps semble s’égrener dans
une autre dimension, les projets se font et se défont, reculant sans
cesse les perspectives de sortie de l’hôpital. De temps en temps, on propose une activité physique avec le professeur de sport, Monsieur B. On ne sait pas très bien comment ça se passe, on lui fait un peu confiance mais pas trop quand même…On en sourit même parfois. Du sport, à l’hôpital psychiatrique… On les imagine, faire le tour du parc, au pas de course…Dérisoire ! Pourtant, un matin, on propose à Mademoiselle H. de rencontrer Monsieur
B. Cette patiente psychotique est âgée de 40 ans. Elle présente
des idées délirantes de type persécutoire. Elle a subi
dans l’enfance des sévices sexuels de la part de son frère.
Elle ne supporte pas qu’on l’approche. Elle est très
isolée socialement, communique peu et a fait plusieurs tentatives
de suicide. Elle est hospitalisée sur le mode de l’hospitalisation
d’office depuis plusieurs mois pour avoir tenté de se jeter
du toit d’un immeuble. Elle ne fait confiance à personne et
ne participe pas aux temps collectifs dans l’unité, les entretiens
se succèdent et sont toujours aussi vides. Elle passe ses journées
dans sa chambre, seule. C’est en désespoir de cause qu’on
lui propose ce rendez-vous avec Monsieur.B, le professeur de sport. Au cours
de l’entretien, le projet proposé devient celui d’une
activité Badminton, individuelle, accompagnée par un infirmier
de l’unité. Elle accepte ! Monsieur.C. est un patient âgé de 45 ans, suivi dans le service depuis une dizaine d’années, pour des troubles de l’humeur. Régulièrement, il est hospitalisé pour des décompensations délirantes de type mégalomaniaque, avec agitation et souvent des passages à l’acte violents. Un jour, un accident de voiture le blesse grièvement et il en garde des séquelles physiques. L’isolement social et familial favorisent sa clochardisation et sa dégradation physique. La confiance est difficile, le lien précaire. Au décours d’une des hospitalisations, Monsieur C. est exclu de son logement, il souffre de troubles somatiques et s’installe à l’hôpital. La prise en charge s’enlise. Il est sale, repoussant, grogne toute la journée pour des cigarettes ou du café. Au fil des entretiens, parfois très difficiles et d’autres fois plus riches, on repère dans son histoire une période qu’il évoque avec plaisir : pendant quelques années, avant la maladie, il était moniteur d’équitation dans un club des monts du lyonnais. Après plusieurs mois d’hésitation due à son état physique et psychique, le projet d’équithérapie se met en place, dans la même région. Les séances sont encadrées par deux infirmiers dont l’un n’est jamais monté à cheval, et une monitrice. Lors de la première séance, M.C est réservé, mais au contact des chevaux, il s’anime, évoquant ses souvenirs. Lui, le clochard, soigne avec attention sa monture. Il est tout à fait adapté, retrouvant avec plaisir les mouvements et son amour du cheval. Avec l’infirmier novice en équitation, il partage son savoir-faire et se montre soutenant. Lors de la séance de voltige, il surprend tout le monde à courir et à monter son cheval au galop. En réunion, la découverte de ces aspects du personnage de M.C partagée avec l’équipe, permet un nouvel investissement de la part des soignants.
Dans les outils de soins proposés à l’hôpital
psychiatrique, il y a eu les « psychothérapies psycho-corporelles »,
ensemble de techniques de maniement ou d’action sur le fonctionnement
mental d’un individu en passant par un travail ou un entraînement
du corps. On les nomme aussi « techniques du corps ». Elles
s’individualisent avec le retour du corps, la reconnaissance du corps
dans la vie de l’individu, la transformation des mœurs de la
société occidentale dans les années 1960. A travers
l’éclairage de la physiologie, les avancées de la science
médico-psychologique, la société amorce une valorisation
du corps. L’idée d’appliquer des procédés
d’éducation aux troubles psychologiques était déjà présente
dans les années 1850 où, avec les travaux de Séguin,
on assiste au traitement pédagogique de ceux qu'on appelait les "arriérés",
au traitement éducatif ou rééducatif des troubles plus
spécifiques : rééducation des bègues, des tics
ou des autres mouvements anormaux. Avec Charcot, la méthode psychomotrice était
réalisée pour la reprise des mouvements dans les paralysies
hystériques etc. L’idée directrice de ces procédés était
que la rééducation psychologique pouvait se réaliser à partir
de la rééducation motrice et sensorielle. Il y a sans doute un parallèle entre ces modes de prise en charge et l'APA, bien que l'APA soit plus directement liée au phénomène social qu'est devenu le sport. En effet, depuis plusieurs années maintenant et probablement en lien avec le développement des techniques audio-visuelles, l’image du sport dans la société a beaucoup évolué. L’activité sportive se définit comme étant l’«ensemble des exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, pouvant donner lieu à compétition et pratiqués en observant certaines règles»…Au-delà de l’intérêt d’une activité physique régulière et soutenue pour le corps, dans l’objectif d’une meilleure santé physique, l’activité sportive est un facteur social, devenu vraie valeur culturelle. Les activités se sont diversifiées. Le sport est aujourd’hui très médiatisé et les sportifs de haut niveau sont devenus des stars internationales. Le patient hospitalisé est souvent sensible à l'approche
APA, soit parce qu'il pratiquait déjà une activité avant
la maladie, soit parce que cette expérience de vie qui lui est proposée
le reconnaît comme étant acteur de son propre soin. Les objectifs de l'APA seraient :
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