- Compte-rendus
L’HOSPITALISATION EN PSYCHIATRIE

[Dr. Agnès PIERNIKARCH— Dr. Robert BERTHELIER]

 

1°) Effets de l'usage précoce du Cannabis chez les pré-adolescents et les adolescents - Dr Agnès PIERNIKARCH

En fonction de la pratique d’Agnès, chez les jeunes de 11 à 14 ans accueillis dans le service de pédiatrie du Centre Hospitalier Sud-Francilien sur le site d’ Evry et un peu moins en CMP, arrivent par le biais des consultations urgences pédiatriques, via l’école et/ou le collège : Il existe une dépendance biologique au cannabis chez les gros consommateurs, il existe un usage nocif, et abusif du cannabis.

Etant psychiatre à la CDES de l’Essonne, Agnès PIERNIKARCH est amenée à rencontrer des jeunes présentant des psychoses.

Alertée par la gravité des effets de cette consommation chez les jeune filles de 13-14 ans, traumatisées, victimes de viol collectif.

L'usage du cannabis dans les collèges avant 13-14 ans se généralise dans tous les milieux ; pas seulement dans les banlieues difficiles.


Les établissements scolaires :

L’âge de la prise en charge du cannabis est surévaluée.
La M.I.L.D.T, selon une enquête s’intéresse à la consommation du cannabis à partir de 14 ans. Pour Agnès, c’est à partir de 11, 12 ans, et elle considère ce phénomène comme un problème de santé publique.

Les associations de parents d’élèves tiennent un discours très « édulcoré ». On peut considérer que les parents sont « aveugles » par exemple, situations de parents d’élève qui sont alertés par une camarade. Chez des 11, 12, 13 ans, la prise d’un joint le mercredi les fait planer le jeudi et le vendredi.

Selon Agnès, aucune étude sérieuse sur les effets du cannabis, plutôt une tendance à plaquer les résultats des études chez l’adulte sur les adolescents. C'est par l’intermédiaire du cannabis que les jeunes commencent à fumer. Pourquoi un discours dominant et idéologique sur le cannabis qui n’est pas toxique, alors que la concentration du produit actif est plus forte qu’avant.

Interpellée pour des états d’agitation, les jeunes sont menacés par les dealers car ils ne peuvent plus payer leurs dettes. Cela s’apparente parfois à des états schizophréniques.

Une autre conséquence, on constate une désertion sociale chez les jeunes à partir de 16 ans.


2°) Maladie mentale et toxicomanie - Dr Robert BERTHELIER

Relation mentale - toxicomanie et co-morbidité.

Quelles sont les relations entre la drogue et les manifestations psychopathologiques ?

Les Opiacés, l’ecstasy peuvent donnés des réactions psychopathologiques aigues .

Le Krach et l’ecstasy provoquent des dégâts neurologiques (morts de cellules cérébrales) : produits révélateurs de psychose latente.

- 80 % des jeunes fument du cannabis ce qui leur procurent des sensations d’euphorie et un sentiment de ralentissement et un allongement du temps de réaction.
A forte dose, ces produits provoquent des hallucinations.

Une consommation chronique entraîne une persistance de l’altération de la mémoire, une désinsertion sociale, perte de l’initiative …

Tous les ans, 40 000 jeunes sont exclus du système scolaire en raison de leur consommation ; ce ne sont ni des drogues douces, ni innocentes.

Le cannabis chez les schizophrènes :

- 54 % d’entre eux ont consommés du cannabis une fois.
- 26 % présentent une dépendance au produit.

A quoi sert le cannabis ?

Réponses : il paraît améliorer les aspects négatifs chez le schizophrène.

Ex : une jeune femme de 25 ans dont le diagnostic posé de psychose cannabique, surconsomme, délirante.
Prise en charge d’un schizophrène et non d’un toxicomane.

Le cas d’un jeune homme de 17 ans : pour faire céder son angoisse psychotique, il consomme du cannabis. Présentant un tableau clinique tel que : pauvreté du discours inaffectivité avec exclusion temporaire d’un établissement scolaire…
Pas de traitement en ambulatoire, hospitalisation sous contrainte, avec une prise en charge longue et difficile, ce jeune homme n’a jamais été considéré comme un toxicomane.
Nous rencontrons des patients de plus en plus jeunes, problèmes d’addiction ou autres choses ?
Chez les patients hospitalisés au CHS D’ETAMPES, le produit utilisé masque une souffrance.


TABLE OUVERTE :

M BOUDET : le cannabis donne l’image d’un produit soft

R. BERTHELIER : L’alcool et le tabac provoquent des morts, alors que pour le cannabis, il n’y a aucun mort.

M. BERNARD : Les accidents de route sont liés à l’alcool et au cannabis.

P. PANNETIER : Tous les accidents graves en Moselle sont dus au cannabis.

A. PIERNIKARCH : Il faut être clair sur le danger réel du cannabis.

J. DELORENZI : Qu’en pense-t-on en Hollande, qu’en dit-on ? Ont-ils effectués des études sur ce sujet ?

M. BERNARD: La loi maffieuse se substitue à la Loi. Qu'en est-il de cette loi maffieuse parmi les élèves ?

E. JULLIAND : Sujet qui le consterne. Le mode de diagnostic des schizophrènes avant qu’il ne le soit .La force du déni des pouvoirs publics est extrêmement problématique

A. PIERNIKARCH : Quelle est la place des jeunes dans cette société maffieuse ? Le camp des victimes ou le camp des « cailleras » ? Les victimes consultent davantage :
Quand un enfant est seul : motif de consultation.
Il ne faut pas réussir scolairement, pour avoir une « certaine notoriété ».
Les bouffons sont des blancs qui travaillent.
Les bountys sont des noirs qui travaillent : blanc dedans – noir dehors.

P. CHABRAND : Ce phénomène est en train de s’étendre, par exemple les modes vestimentaires (pantalons long, casquettes…) ; à partir d’un certain groupe ethnique ou social, cela s’étend vers d’autres zones.
Quand est-il du statut féminin, masculin ?

A. PIERNIKARCH : Le premier constat : par exemple une petite fille maltraitée de 8 ans vient aux urgences pour tentative de suicide avec prises de médicaments réfléchie. En réalité, cette petite a été embêtée par un caillera, qui traite aussi sa mère de pute et elle aussi, généralement cela commence à la cantine. Les petites filles doivent également renoncer aux pantalon-jeans moulants aux jupes etc…et s'habille en joggings.

P.EUDE: A Briançon, on fait le même constat avec les racailles !

JOELLE PERNET : Dans les appartements thérapeutiques à CORBEIL, la majorité des gamins sont terrorisés et traumatisés par les frères dont leurs ressources proviennent de la vente du shit.

P. PANNETIER : Dans un articles de Marianne, « Fantasme sécuritaire », on parle de tournantes. Un autre article du « Nouvel Obs », les parents aux U.S.A disent que tout ne se joue pas avant 6 ans. Je connais un urgentiste qui systématiquement effectue un prélèvement sanguin avec recherche de cannabis après chaque accident .

J DELORENZI : Un de mes patient m’a raconté qu’un gamin jaloux a donné 3 coups de couteaux à un autre qui regardait sa copine, tenant une batte de base-ball avec des lames de rasoirs incrustées et qu’il faisait face aux flics.

A PIENIKARCH : Relate un cas où les parents n’avait pas conscience de la gravité des faits.

P.PANNETIER : Que se passe-t-il dans nos CMP ? En Moselle toujours de grandes difficultés sur le plan psychopathologique, la consommation de toxique devient le « sésame de la psychose et de la toxicomanie », on occulte la psychose au détriment de la prise de cannabis. Pour le monde enseignant , la présence sanitaire est pitoyable.

M. BOUDET : Il est difficile pour les parents de se dire que leur enfant est schizophrène.

A. PIERNIKARCH : Du monde enseignant, la situation devient de plus en plus tendue, ils ne peuvent – être qu’ interpellés, par exemple : agression d’un élève envers un professeur, menace envers des femmes enseignantes. La hiérarchie ne considère pas la situation critique, l’enseignant doit se défendre ; le manque de médecins scolaires et d’infirmières , mais qui sont partis prenante de l’éducation nationale . J’ai fait de nombreux courriers en ce sens au DASS, puis j’ai rencontré les infirmières et les assistantes sociales du département. Pour la PJJ ,la protection en dessous de 13 ans cela ne les concernent pas. L’ASE et le conseil général banalisent.

R. BERTHELIER : Les toxico n’aiment pas les psy ! « il n’y a aucun toxico au CMP de Grigny ».

D. CHARDIN : En réponse à P. PANNETIER : « que fait-on dans les CMP ? On envoie les toxico « purs » dans un autre CMP ou un autre centre ? ».Devant l’interrogation a avoir quand à l’attitude d’un patient qui ne veut pas prendre de neuroleptiques mais préfère le « shit » , je n’ai pas de réponse.

E.JULLIAND : Que fait-on lorsque l’on est devant un patient qui trafique les ordonnances de son père ? Pourquoi est-on si pitoyable ? Qui va dire la norme ? Les limites ? Tout est en train de s’effondrer aux dires de chacun.

A.PIERNIKARCH : Il ne peut pas y avoir de légalisation du moins pour les enfants, il faut une réglementation, c’est une question de volonté politique, l’idéologie malsaine est très dangereuse.

R. BERTHELIER : Constat : une baisse du VIH, le problème auquel nous sommes confrontés est celui du cannabis. : Il existe une dépendance biologique au cannabis chez les gros consommateurs, il existe un usage nocif, et abusif du cannabis

D. CHARDIN : Il y a le jeu pathologique.

P. EUDE : Toxico, capacités addictives, faut-il légaliser le cannabis ? le produit est très dangereux, dans un monde de compétitions, nous sommes tous dépendants d’une drogue, pour les sportifs, pour les déprimés…

J .DELORENZI : Le débat se situe au niveau de la société. La drogue au niveau du besoin= dépendance, les parents ont tendance à l’écrasement de l’autre( loi du plus fort).

A.PIERNIKARCH : En réponse à J DELORENZI : Nous sommes dans la poly-consommation : joint plus alcool que l’on prend chez papa-maman, la prévention se suffirait à elle même pour éviter la répression en tant que travail ambulatoire à la PJJ. Il n’y a pas de sanction pénale pour les très jeunes.

 

Auteur du C.R. ?

 
Le Cap Ferret 2005 :  Programme et textes