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HEBERGEMENTS THERAPEUTIQUES | |||
Lexpression, me semble-t-il, pose question. On voit bien ce que signifie le vocable « hébergement » (un lieu où on vit, on loge, quon habite) mais quen est-il du « thérapeutique » ? quelle(s) relation(s) peut-il bien exister entre un espace de vie et le soin ?
I. LES ALTERNATIVES A LHOSPITALISATION A. PLACEMENTS FAMILIAUX SPECIALISES (P.F.S.). Cette pratique a longtemps été réservée aux enfants, pour qui elle représente un substitut (ou une alternative) à lhospitalisation à temps plein (dans notre département, elle a représenté une politique volontariste, initiée entre autres par Tony LAINE, qui a permis la suppression des lits de pédo-psychiatrie). Elle a été étendue aux adultes et , actuellement, 87 places sont budgétisées pour eux par notre établissement (à noter que, historiquement parlant, il a existé jusquà 140 places : leur budgétisation na toutefois pas pu être maintenue en raison dune très forte augmentation des charges sociales qui devait être compensée par létat, ce qui na pas eu lieu. Ex. pour mon secteur : 13 places théoriques, 8 effectivement financées). Dans les faits, 1 ou 2 patients sont placés dans une famille daccueil dont lun des membres devient officiellement salarié de létablissement hospitalier. Des conditions précises concernant lhébergement (hygiène, confort ) sont exigées. Indications : généralement des patients chronicisés, assez régressés, non autonomes mais pouvant vivre en dehors du milieu hospitalier sous réserve dun accompagnement permanent. Chaque secteur dispose dun nombre de places variables. Un double suivi est mis en place :
Le but visé est en principe une évolution du sujet lui permettant, à terme, de devenir plus autonome et dintégrer une autre structure. Dans les faits, ce projet évolutif savère assez souvent illusoire et lexpérience montre que bon nombre de P.F.S. deviennent en réalité des lieux de vie permanents. Problème : le P.F.S. est considéré, administrativement parlant, comme un simple substitut de lhospitalisation, équivalent dune hospitalisation à temps plein (paiement du forfait hospitalier) et faisant partie des institutions intra-hospiralières, ce qui en fait une structure lourde.
B. FOYERS DE POST-CURE. Ce sont probablement les structures les plus anciennes et les plus classiques puisque, sauf erreur de ma part, ils sont cités dans la circulaire de Mars 1960. Le foyer de post-cure est un lieu dhébergement collectif avec une équipe pluridisciplinaire à demeure : médecin, infirmiers, psychologue, assistante sociale Indications : en principe, patients hospitalisés en voie de réinsertion sociale et professionnelle, autonomes ou à peu près (une des conditions dadmission est représentée par la possession dun travail au mieux, au pire par une démarche de réinsertion en cours). Ladmission est prononcée par léquipe soignante après entretien avec les référents soignants et avec le patient. La durée de séjour est théoriquement limitée : 6 mois dans notre cas, éventuellement renouvelables. Ce principe est actuellement très théorique car les conditions du marché du travail aujourdhui représentent un obstacle à la réinsertion, de même que la précarité de bon nombre de patients. De ce fait, les séjours sont souvent très longs. Le règlement intérieur prévoit quen principe les patients sont absents dans la journée soit parce quils travaillent, soit parce quils effectuent des démarches, ainsi quune partie du week-end. Le suivi est assuré :
C. APPARTEMENTS ET MAISONS THERAPEUTIQUES. Ce sont des unités de vie de 4 à 5 places, banalisées, accueillant des patients semi-autonomes, le plus souvent psychotiques. Ils obligent réglementairement à une présence soignante permanente, y compris la nuit, du moins en ce qui concerne les appartements thérapeutiques stricto sensu (ce nest pas le cas de nos maisons thérapeutiques), ce qui en fait des structures lourdes : un appartement de 4 places mobilise une équipe de 8 infirmiers à temps plein, car il sagit dun substitut à lhospitalisation. Le but recherché est une autonomisation des patients leur permettant, à plus à plus ou moins long terme, dintégrer une structure plus « légère ». La visée est à la fois thérapeutique et rééducative. Inconvénient : le paiement du forfait hospitalier représente un obstacle majeur à la réinsertion en tant que privant les malades de la plus grande part de leurs ressources. On peut noter, pour la petite histoire, que son maintien résulte dun oubli : Monsieur BAUDURET, quand il a rédigé le texte définissant les appartements thérapeutiques a simplement omis, pressé par le temps, ce « détail » et il était trop tard quand on lui en a fait prendre conscience Les maisons thérapeutiques peuvent ou non correspondre au même schéma que les appartements (cf. lintervention de Joëlle PERNET à propos de la maison thérapeutique de CORBEIL). II LES LIEUX DE VIE A. LES FOYERS OCCUPATIONNELS Cités ici pour mémoire, ils reçoivent des sujets en règle déficients intellectuels. B. LES « PETITES MAISONS ». Elles existent dans les 8ème et 2ème secteurs de lEssonne. Ce sont des lieux de vie recevant des patients généralement psychotiques ou autistes, très régressés. Situées dans des pavillons, les « maisons » sont tenues par une famille daccueil salariée bénéficiant dun temps libre dans la journée, car les patients y sont pris en charge ailleurs (CATTP ou hôpital de jour). Le financement est assuré par le Conseil Général. Ces structures visent à assurer aux malades des conditions de vie « normales » en les sortant de la chronicité hospitalière. Ils payent un loyer et ont droit à lAPL. En fait, on peut les considérer comme des P.F.S. collectifs démédicalisés. Léquipe de secteur intervient en tant que prestataire de service. Inconvénient : cest très lourd pour les familles daccueil qui ne tiennent pas toujours le coup et sont assez malaisées à recruter. C. LHEBERGEMENT TEMPORAIRE (5ème secteur de lEssonne). Cette structure, en projet, devrait souvrir dici un an. Il sagit de chambres ou de studios alloués à des patients autonomes sortant de lhôpital et sans domicile, pour une durée limitée (3 à 6 mois). Ils payent un loyer. Le but est de fournir un milieu intermédiaire permettant au sujet daccéder dans un deuxième temps à un mode dexistence socialement banal.
D. LES APPARTEMENT ASSOCIATIFS Les lieux de vie collectifs voire individuels (studio par exemple), ils hébergent des patients sortant de lhôpital mais dont les ressources sont insuffisantes pour quils puissent, seuls, louer un appartement. Alors que la mise en commun, ajoutée à lA.P.L., leur permet de vivre à peu près décemment. Il sagit presque toujours dappartements H.L.M. Ils sont locataires en titre mais une association assure le cautionnement financier (dans lEssonne, pour notre établissement, lA.E.E.R Association Essonnienne dEntraide et de Réadaptation subventionnée par lE.P.S.). Indications : en principe, patients autonomes ou à peu près. Dans les faits, il sagit souvent de psychotiques ayant un très long passé hospitalier, désocialisés, doù la nécessité dun accompagnement infirmier assez serré au début, lobjectif visé étant à terme lautonomisation totale et, dans lidéal, lautogestion des appartements. E. LES FOYERS ALVE-UNAFAM Ils sont nés dun constat : labsence, entre les structures de soins classiques (foyers de post-cure, appartements thérapeutiques) et les appartements associatifs, dinstitutions susceptibles dhéberger des personnes sortant de lhôpital psychiatrique mais pas assez autonomes pour assumer seules la gestion de leur vie quotidienne en appartement associatif. Consciente de ce manque lALVE (Association de Lieux de Vie Essonniens) a conçu en 1996 un projet de structures daccueil et dhébergement à temps complet en vue de restaurer la vie sociale et une certaine autonomie de personnes souffrant ou ayant souffert de troubles psychiques. Le 1er foyer a été ouvert à Juvisy/Orge en 2001 ; deux autres sont en projet, à Etampes et Brétigny/Orge. Indication : personnes orientées par la COTOREP
Dans la pratique, les patients sont choisis et désignés par les secteurs et la COTOREP intervient par la prise de 2 décisions :
Les Foyers ont une vocation intersectorielle (celui de Juvisy recrute sur 3 secteurs, les prochains en couvriront deux). Montés en coopération avec lUNAFAM, ils ont le statut associatif dun Foyer Occupationnel pour psychotiques. Le financement est entièrement assuré par le Département qui a fixé un prix de journée (986,55F./résident) Le Foyer de Juvisy accueille 14 résidents permanents, les prochains compteront 16 places. En outre 4 places daccueil temporaire sont prévues, réservées en principe aux patients dont les familles appartenant à lUNAFAM, ont besoin de souffler (vacances, break, etc )Les équipes de secteur sont des prestataires de service assurant les soins. Personnel : 1 directeur, soignant psychiatrique, 1 mi-temps de secrétariat, 3 animateurs socio-éducatifs, un infirmier(e) psychiatrique, 3 agents de service, 2 personnes travaillant en alternance pour les permanences de nuit. A noter : il sagit dun dispositif expérimental dont il nexiste pas dautres exemples, admis par le Ministère et inscrit au SROSS après de (très) longues négociations. F. LES APPARTEMENTS COMMUMNAUTAIRES (4ème secteur de lEssonne). Nés du constat de linadaptation de certains patients psychotiques aux appartements associatifs stricto sensu, ils représentent un moyen terme entre ces derniers et lappartement thérapeutique : dans un premier temps, nous les avions baptisés « appartements associatifs renforcés », signifiant par là que laccompagnement des locataires y est plus intense quen appartement associatif mais moins quen appartement thérapeutique (pas de soignants permanents en place) ; En pratique :
Les résultats sont intéressants, en particulier celui-ci : en 2000, contrairement aux années précédentes, nous navons pas eu à réhospitaliser de patients pendant la période des vacances, habituellement moment de « vacuité » en terme de temps soignant. Inconvénients : cest très dévoreur de temps soignant et ça nentre dans aucune des grilles consacrées, ce qui fait que cette activité nest pas reconnue. Au total, il existe un éventail intéressant de possibilités diverses, sachant que :
Néanmoins, il est probablement possible dimaginer une sorte de « trajectoire idéale » du malade le menant, à partir de lhôpital, du PFS à lappartement associatif ou au foyer ALVE-UNAFAM, via lappartement thérapeutique, le Foyer de post-cure, lappartement communautaire ou la « petite maison » lhébergement temporaire Mais il ne sagit là que dune virtualité
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