- Compte-rendus | |||
Féminisation
des équipes de soins. Effets de la pénurie sur l'organisation du secteur |
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1. COMPTE RENDU
Le rappel historique de la fonction de l'infirmier psychiatrique a été
fait par les intervenants : Actuellement nos compétences soignantes sont remises en cause notamment à loccasion d'événements institutionnels (fugues ou évasions) qui nous renvoient à nos propres limites.
La féminisation des services vient de 3 idées : La spécificité des soins en psychiatrie saccompagne de la notion de « peur », peur souvent inavouée, par crainte dêtre jugé incapable, incompétent et vulnérable à la critique.
Pourtant il y a nécessité d'une gestion de la peur, sans
laquelle nous projetons nos angoisses sur le patient fragile. Que penser de la féminisation de la psychiatrie ? Nous sommes confrontés à une diminution des moyens financiers,
humains, de formation.
On ressent depuis quelques années les effets du numerus clausus dans notre do-maine la répartition public- privé nest pas satisfaisante , l'économie dans les soins entraîne forcément une augmentation autre part. Le glissement progressif des financements de l'intra sur l'extra, avec les résistances de lintra hospitalier. On est dans l'interface avec le médico-social où on nous demande de voir les patients en institutions, remettant en question la politique de secteur précédente. Le PMSI n'est actuellement pas efficace sur le plan technique, avec l'exemple de la médecine, chirurgie, obstétrique de la région PACA où il faudra 30 ans pour retrouver un équilibrage.
2. DEBATS
E. Julliand : La féminisation est une évolution
durable de notre société. Par exemple dans l'instruction
à l'éducation nationale, on parle de "jeune ",
on est du côté maternel plus que du coté du savoir". M. Bernard : On a 3 idées parasites basées sur la revendication, il est difficile de sortir de ces 3 intriquées afin d'arriver à la fonction de soins, on évacue souvent la pathologie mentale au profit de la santé mentale. J. Pernet : Evoquant le travail effectué à la maison thérapeutique, parle des problèmes liés à la culture de certaines ethnies (vaisselle, etc..), on a des rôles différents en fonction de la "fonc-tion". R. Berthellier : On oublie la pathologie au profit de la notion de « santé mentale », on travaille donc en réseau médico-social. On a des contraintes sécuritaires avec l'exemple des renforts spécifiques de 3 infirmiers la nuit pour les HO et HDT. "Montrer la force pour ne pas arriver à s'en servir." Michelle (Paris) : Il y a actuellement une stratégie de recrutement, "pas trop d'hommes dans les services !" . A.Gasté : L'APA s'est intéressée aux aspects juridiques. Aux USA il faut l'accord du juge pour une contention, d'où les efforts pour l'éviter. Il faut l'accord du patient pour tout traitement. Les protocoles, règles, consignes ont tendance à stériliser les soins. La diminution des psy-chiatres a augmenté le travail des psychologues et infirmiers. La pénurie médicale a amené à déléguer de plus en plus, l'intervenant devenant responsable de ses actes, il y a un risque de dessaisissement. Michelle : La prévention est délaissée en Ile de France, il y a le repli vers les urgences de l'hôpital général. Le rapport Piel-Roelandt montre un glissement vers une prise en charge (PEC) médico-sociale des problèmes. (PEC des précaires ?) J. Pernet : On tient compte de la répartition des hommes
dans les plannings. Les demandes des précaires restent plus économiques
que sanitaires. J. de Lorenzi : L'état des lieux est déprimant.
"Le pessimisme est l'idéal des salauds et l'opti-misme l'opium
des cons!!" (référence?). Il y a beaucoup trop d'écrits,
les protocoles sont en excès. Actuellement on a une pression
énorme de l'administration, elle recrute de préférence
actuellement les moins gradés. A.Gasté : En Allemagne, il y a des structures spécifiques pour le médico-légal, les patients y restent le temps de leur peine. En Angleterre où les consultation sont à 637 F, pour lobtention dun rendez vous, il faut compter jusquà 18 mois d'attente. M. Boudet : Récemment, dans le service, un patient a
pris en otages 2 infirmières. Brigitte (Martigues) : Il y a nécessité d'un travail accru avec les IFSI, les hommes sont fragili-sés par leur situation . D. Saugier : Il existe une difficulté à parler de la violence dans les services, on a moins de disponibilité, on est moins à l'écoute. Au lieu de parler de "déféminisation", il faudrait parler de "démasculinisation". La masse musculaire est-elle sécurisante? Ce n'est pas sûr. On ne parle pas assez de la violence et de l'angoisse qui s'y rapporte. X. Desmet : Parfois la parole n'opère plus, elle nest plus contenante. L'homme sollicité de-vient alors le persécuteur du pavillon, ce qui doit être repris, sans quoi on s'expose à une dé-masculinisation institutionnelle. A. Gasté : Il est nécessaire de ne pas cliver léquipe," les costauds et les autres". La verbalisa-tion de lévénement douloureux doit être effectuée en équipe, en présence du chef de service. M. Boudet : A la demande d'un soignant une réunion peut
être sollicitée. Les règles sécuritai-res
n'empêchent ni le passage à l'acte, ni lintérêt
des supervisions. A.Gasté : Il faut se méfier de l'affectif qui peut prendre le dessus et amener à des passages à l'acte. La lecture de la clinique peut éviter de prendre le moindre risque. J.P. Boyer : Le niveau de violence de la société est élevé, souvent retrouvé aux urgences. Il nous arrive aussi à nous de dépasser la loi, qu'elle est notre toute puissance? E. Julliand : Il faut donner du sens à la violence, une
approche sociologique semble adaptée. J. Pernet : Il ne faut pas faire de notre spécialité quelque chose de totalitaire. Nos réponses aux demandes des patients ne doivent pas être systématiques. On ne se laisse pas le temps à la réflexion, on ne doit pas être trop rassuré par sa pratique. A. Gasté : Les nouveaux troubles de la personnalité
sont hyperadaptés. R. Berthellier : Nous sommes victimes de l'inflation de la demande, il y a une modification de la clientèle des CMP depuis 15 ans, elle se rapproche de celle des psychiatres libéraux avec moins de moyens, actuellement nous avons 3 semaines de délai dattente.
3. CONCLUSION
Les débats étant tellement riches et passionnés, parfois déprimants(!), je n'ai pu relever tous les débats, ce dont je m'excuse. Il ressort, néanmoins, cet état, retrouvé dans d'au-tres métiers, de féminisation ou démasculinisation dans nos secteurs. Il a beaucoup été question de la peur dans les services et de la violence qu'elle peut générer, d'où l'intérêt d'en parler. La routine, les réponses stéréotypées peuvent amener à des passages à l'acte. Dautre part, on peut se demander si le diplôme unique a une formation suffisante dans notre discipline. En psychiatrie le fonctionnement opératoire nest pas toujours opérant ! Des proto-coles existent. Certes nous en avons besoin, mais ils sont à consommer avec modération ! Il semble y avoir un juste milieu. Lors d'épisodes délicats, il peut être nécessaire de faire appel à la force, mais ces épisodes ne doivent pas rester vides de sens. La pénurie de psychiatres entraîne une délégation des soins, d'où un problème de responsabilité, avec les difficultés qui en découlent sur le plan médico-légal. Les psychiatres doivent répondre à leurs missions, dixit
les tutelles via le rapport de nos collègues .Il semble que l'hôpital
général soit à leurs yeux le pivot des soins psychia-triques
dans les années à venir.
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