- Compte-rendus
Intervention et débat sur la psychiatrie pénitentiaire et les unités pour malades difficiles

[Dr. Pierre CHABRAND, Dr. Jean-Paul BOYER, Brigitte LESNE]

PSYCHIATRIE PENITENTIAIRE

S.M.P.R. : Service Médico Psychologique Régional. Pas de connotation pénitentiaire, carcérale ou judiciaire.

U.C.S.A : Unité de Consultations et de Soins Ambulatoires ; mais dans le cadre de la prison. Les consultants sont demandeurs.

De nombreux psychotiques sont incarcérés, ne demandent pas de soins et ne sont pas traités en prison. Mais il est possible d’apporter véritablement des soins dans le cadre carcéral. Cela nécessite aussi une bonne coopération entre l’administration pénitentiaire et les soignants de la psychiatrie. Il est utile de dépasser la question de la peine (plus utile aux victimes qu’aux coupables). Le cadre de soins se construit avec le soignant. Donner du sens. La sanction pénale peut s’accompagner d’une démarche de soins, y compris pour les délinquants sexuels. Le travail du soignant est aussi de décrypter les formes de la demande.

Il n’y a pas de soins sous contrainte en prison. Quand nécessaires, ils sont réalisés hors du milieu carcéral, dans les hôpitaux.

L’hospitalisation en HO de certains détenus (Article D 398) dans les services de psychiatrie peut parfois poser des problèmes : troubles graves de la personnalité et du comportement, effectifs infirmiers réduits. Pour certains il vaudrait mieux prévoir des possibilités d’hospitalisation au sein de la prison.

Questions autour de l’expertise psychiatrique.

L’ancien Code Pénal évoquait l’état de démence (Article 64).

Le nouveau Code Pénal introduit la notion d’atténuation de la responsabilité.

Il n’est pas toujours souhaitable de déresponsabiliser totalement le psychotique.

L’expert donne un avis, mais la décision appartient aux juges.

Après le jugement il existe des différences entre l’injonction de soins et le suivi sociojudiciaire qui est un élément de la peine.

Dans ces cas, que répondre lorsque le juge d’application des peines demande au psychiatre des renseignements sur les soins : ne pas révéler le contenu des entretiens, informer seulement le juge de la présence des patients aux rendez-vous.

UNITES POUR MALADES DIFFICILES

En France : 300 places pour hommes (Sarreguemines, Cadillac, Montfavet, Villejuif), 30 places pour femmes (Montfavet, Villejuif).

Les UMD ont été crées après la 2ème guerre mondiale. Afflux de patients. Saturation rapide. Deux ministères sont concernés : justice et santé. Ne pas négliger les aspects politiques.

A l’heure actuelle la capacité est limitée, les services sont saturés et les délais d’admission sont longs.

La population soignée est très hétérogène, par rapport aux pathologies, par rapport aux modalités d’admission (Article 122.1, Article D.398, HO issus du service de psychiatrie).

A Monfavet les locaux actuels sont « horribles, monstrueux » (P. CHABRAND), projet de réfection « Profil » particulier des infirmiers d’UMD : sportifs, gérant bien l’agressivité, mais « ont peur comme les autres ». Il y a aussi des femmes (infirmières, ASH...).

Les infirmier (e)s d’UMD ont une grande stabilité professionnelle. Avantages matériels (prime de risque d’environ 250 euros / mois).

A Montfavet (Dr CHABRAND) : pas de chimiothérapie forcenée.

Pour les psychiatres demandeurs d’admissions en UMD : que faire en attendant une place disponible. Comment gérer les malades difficiles dans ces services (question qui sera abordée l’année prochaine).

Pour le Dr CHABRAND : cela est possible si personnel suffisant, si chambres d’isolement. Eviter l’abus d’usage des UMD.

Si possible rencontres entre l’équipe adresseuse et l’équipe de l’UMD.

Par manque de temps cette intéressante discussion s’interrompit.

 

Michel BOUDET

 
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