Espace et soins, espaces de soin

Vendredi, 01 Mai 2009 01:00 Cathie AURIAC-LAMARY
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Lien vers le texte de Michel BOUDET, Catherine AURIAC, Françoise MUYARD et Équipe infirmière de Lyon

Guéthary 2009 -

Récit VOYAGE D’ETUDE A TRIESTE   -  AVRIL 2009

IMPRESSIONS DE VOYAGE


Fugue – Espoir – Projet


René Magritte – Les vacances de Hegel

(Et si le devenir de la psychiatrie se trouvait dans  l’entre-deux entre « ouvrir constamment le parapluie et  se noyer dans un verre d’eau »)

J’ai rêvé d’une autre psychiatrie, un autre monde, sans pour cela rester sage comme une image … Des images qui resteront !  oui, car  l’œil est sollicité à tout instant.

 

Etonnement et clin d’œil

 

 

 

 

 

Tel que ce chien qui nous accueille dès notre entrée à la Direction du Département en Santé Mentale : c’est le chien de la secrétaire.

Le chien du directeur

 

 

 

 

 

Ou celui qui nous laisse s’installer dans le bureau de son maître pour une réunion… c’est celui du Directeur.

 

 

 

 

Retenez : je n’ai pas dit « les chiens sont admis dans les locaux de la direction ». Quelle différence me direz-vous?  Et si la différence était là -entre la psychiatrie italienne et la psychiatrie française - de l’individuel vers le collectif sans que l’individuel soit « récupéré » par le collectif.

 

 

 

 

Plaisir des yeux

LA PRATICA TERAPEUTICA

 

 

 

 

 

Des cadres porte-parole de l’anti-psychiatrie,

 

 

 

Suspensions parapluies

 

 

 

 

 

aux Suspensions parapluies du secrétariat médical,

 

 

 

 

 

Cheval de Basaglia

 

 

 

 

 

 

au tableau symbolique du cheval de Basaglia,
du dessin de l’enfant du directeur…

 

 

Basaglia

 

 

 

 

 

 

 

 

Au photo-portrait de Basaglia  bien sûr en noir et blanc tout est question de sens, en vertical comme il se doit, répliqué sur un mur porteur ça va sans dire.

L’art est présent, et c’est une évidence qui ne se démontre pas   Son intégration est bien faite, elle a du sens dans l’ici et maintenant à l’instant où il capte le regard de l’étranger, il rassure il participe aussi de l’accueil le fond et la forme sont savamment liés c’est leur histoire celle d’hier et celle d’aujourd’hui, base théoriques, des fondamentaux.

En fait, c’est juste la différence entre une maison de famille dans laquelle vous seriez invitée et la découverte d’un musée

Gourmandise

Une réunion dans une salle de travail ……..au centre une  immense table et aux murs des rayonnages de livres ...et des livres suggérant au visiteur peut être  l’envie de savoir, l’envie d’apprendre et l’envie de transmettre, car «s’autoriser à enseigner c’est le meilleur moyen d’apprendre » nous glissent nos interlocuteurs.

Liberté pour penser

Faire une place pour un patient (cela n’a pas la même intention que chez nous) c’est l’amener a découvrir la philosophie par exemple : ce professeur qui , sur le thème du voyage , a fait lien entre différents courants de pensées et des points d’ancrage avec le vécu des patients invités :    fugue /errance /rêve ; Emmanuel nous fait partager ce travail de groupe. Du général vers l’individu  du pluriel vers le singulier.

L’accompagnement

Nos hôtes ont de réelles compétences en accompagnement : bonne organisation, disponibilité, attention, vigilance car ils ont veillé à nous aménager un cadre propice pour réaliser notre mission. Nous comprenons mieux la place naturelle que prennent les familles ou leur représentant autour de la table …ronde, autour du partage de théories et de pratique de soins, ovale auprès de leur fils dans une animation ZIP, ou, à pans coupés quant il est question de soutenir la psychiatrie auprès des instances politiques et économiques … Savoir faire place à l’autre et sécuriser son itinéraire est l’enjeu de l’habilitation ! mes remerciements à chacune de mes collègues de voyage qui ont su tout autant développer des habilités sociales transculturelles remarquables.

Après cela nous pouvons faire un  compte-rendu sur la psychiatrie de Trieste de toutes les manières, à la fois fidèle dans le contenu, comme témoin de notre libre-arbitre, justement ou injustement critique = c’est une question d’équilibre.

Si dans les premières heures, nous mettions beaucoup d’énergie à faire des conversions (comme au temps ancien entre la lire et le franc) pour rendre transposable ce que nous entendions nous voulions à tout prix les assimiler à notre mode hospitalière ;

Il était temps d’en faire le deuil, de lâcher prise , mettre de côté les connaissances crispées de notre esprit ; car tout est là à savoir que  rien n’est transposable ou modelable : participer d’un projet de réhabilitation c’est en premier lieu respecter l’autre dans sa singularité bien mieux que l’intégrer ou l’assimiler pour son bien .

Le cheval de Basaglia

Le cheval de Basaglia  statue bleue et statue noire sur la pelouse entre deux pavillons. Quand je demande le lien entre Basaglia et ce cheval, toute l’histoire de l’anti -psychiatrie se déroule sous mes yeux parce que je suis sur le site! Autour les anciens pavillons d’enfermement, sur mes genoux les photos prise des aliénés dans les années 60.
Basaglia décide de faire entrer l’art dans l’hôpital psychiatrique il en parle à un sculpteur …et l’invite à venir voir sur site. L’œuvre créée est un cheval   pourquoi ? Parce qu’aux yeux de ce sculpteur et poète la seule chose en mouvement et « libre » c’était  un cheval, attelé d’une carriole, qui acheminait les draps d’un pavillon à un autre. Cette œuvre était de couleur bleue comme le ciel  la liberté ; quand la proposition a été de déplacer l’œuvre hors des murs il a fallu démolir l’enceinte à coup de masse Basaglia a proposé de faire circuler ce cheval dans les rues de Trieste suivi des patients …

la psychiatrie sortait des murs et partait vers la cité

Notre voyage s’annonçait de la même manière : sortir des sentiers battus, partir vers l’inconnu. Depuis, j’intègre les jours qui suivent le retour ici comme faisant partie du Voyage ils ont été un temps de passage périlleux et difficiles (car l’être n’est que devenir : « Idée terrible et ahurissante, comparable par son effet au sentiment de celui qui, dans un tremblement de terre perd sa confiance dans la terre ferme » (Nietzche). Car je ne sais pas si la liberté est thérapeutique, ou l’enferment nécessaire, ce qui est sûr c’est que hors du sillon, de la norme, qu’adviendrait-t-il de notre santé mentale ?

Depuis la révolution de la sectorisation quelle avancée ? Quelle évolution ? Abattre les murs ou refuser une enceinte pour un hôpital psychiatrique c’est un combat certes, mais pour résister ou pour signer un réel changement ? Du symbolique au passage à l’acte… Courir le risque du possible et céder aux certitudes.

Ce voyage a fait parler dans les murs et hors des murs …A mobiliser des mouvements divers que le débat qu’il suscite nous rende plus libres et responsables !

la Liberta è terapeutica

 

FIN OU J’ESPERE A SUIVRE ………

 

Cathie AURIAC
psychologue

Mise à jour le Vendredi, 28 Mai 2010 11:28