Psychiatrie de Secteur à l'Hôpital Général

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Home Les textes des interventions Adolescents - Jeunes adultes MULTI CULTURES et RENCONTRES EN PSYCHIATRIE INFANTO JUVÉNILE

MULTI CULTURES et RENCONTRES EN PSYCHIATRIE INFANTO JUVÉNILE

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(Cycle de formation 2016, du 29 mai au  4 juin 2015 - CAP FERRET - 33)

Thème préparé par:

ROSE-MARIE GLATZ (Psychologue), J.M LABROSSE (ISP)

Notes de l'atelier rédigées par :


 

MUTICULTURES ET RENCONTRES EN PEDO-PSYCHIATRIE


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« La culture…ce qui fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers. » A. Malraux.

DEFINITIONS :

En reprenant la chronologie des différentes définitions, il apparaît très intéressant de constater combien le mot « culture » s’est enrichi de sens. Ainsi le « Petit Larousse illustré » de 1929 donne comme définition : du latin cultura ; de cultum.ou colere Action de cultiver : la culture de la canne à sucre a fait la fortune de la Martinique. Soins que l’on prend pour rendre utiles des productions autres que celles de la terre : la culture des abeilles. Fig se dit des arts, des sciences, des productions de l’esprit : se livrer à la culture des lettres.

Nous retrouvons exactement la même définition en 1940 alors que dans le « Larousse de la langue française » de 1979 le mot culture est associé à culteur et c’est dans la définition du verbe cultiver que nous retrouvons deux chapitres très longs : le premier s’attache à parler de la culture des sols alors que le deuxième (1549) parle expressément d’un enrichissement de l’esprit, de l’état d’un esprit enrichi par des connaissances variées et étendues. C’est aussi une forme particulière du savoir, de l’esprit. En 1890 la culture est un ensemble complexe des représentations, des jugements idéologiques, des sentiments et des œuvres de l’esprit qui se transmettent à l’intérieur d’une communauté humaine, on dit alors que ce mot a pour synonyme : civilisation. Pour la préhistoire on parle de l’ensemble des objets faits par des hommes appartenant à une même ethnie. Puis on passe à : culture de masse et là il s’agit de l’ensemble des faits idéologiques communs à une masse de personnes considérées en dehors des distinctions de structure sociale, et diffusé en son sein au moyen de techniques industrielles : ex Culture physique : ensemble d’exercices propres à fortifier et entretenir le corps ( syn. Gymnastique) ou encore : Maison de la culture qui est un établissement qui a pour objet d’assurer la plus vaste audience au patrimoine culturel et de favoriser la création des œuvres de l’art et l’esprit.

Plus étonnant on trouve un sous-paragraphe qui a pour titre : Acculturation : Nom féminin datant de 1911, qui vient de la sociologie : phénomène d’adaptation sociale d’un individu ou d’un groupe, consécutive à une désadaptation antérieure ou à un changement complet de milieu. (question l’enfant placé est-il acculturé ?)

1 PETIT RAPPEL HISTORIQUE :

Selon Paul RASSE (Professeur des universités en Sciences des informations et de la communication à Nice) , nous avons la fâcheuse habitude de confondre Ethnologie et Anthropologie. Claude Lévi-Strauss dans son « Anthropologie structurale » distingue 3 étapes :

- étape ethnographique qui est celle de l’étude des sociétés, sur le terrain, au plus proche des habitants, des modes de vie et des relations que les hommes et les clans tissent, des croyances qu’ils partagent, des manifestations culturelles qui les réunissent. Le travail est pour l’essentiel descriptif dans un groupe suffisamment restreint pour que le chercheur puisse entretenir des rapports personnels avec celui-ci.

- L’Ethnologie : c’est une étape plus synthétique dans laquelle le chercheur n’utilise pas que ses propres données, qu’elles soient géographiques, historiques ou systématiques quand l’analyse attache une attention particulière pour tel type de technique, de coutume ou d’institution.

- L’Anthropologie : selon Lévi-Strauss «  …tend à une connaissance globale de l’homme, embrassant son sujet dans toute son extension historique et géographique ; aspirant à une connaissance applicable à l’ensemble du développement humain depuis, disons, les hominidés jusqu’aux races modernes ; et tendant à des conclusions positives ou négatives, mais valables pour toutes les sociétés humaines depuis la grande ville moderne jusqu’à la plus petite tribu mélanésienne. » (1958).

L’Anthropologie est forcément interdisciplinaire et mêle et conjugue aussi bien l’Ethnologie avec la Sociologie, l’Histoire, la Linguistique, la Psychologie etc…et Françoise HERITIER rappelle que la tâche ne peut se faire qu’en isolant des domaines. Ce que fit Lévi-Strauss avec les mythes.

Toujours dans l’article de Paul RASSE, il souligne que deux sortes de phénomènes sociaux occupent une place centrale au sein des problématiques anthropologiques.

  • La propension de l’humanité à produire de la différence c'est-à-dire de distinguer les individus, les groupes sociaux, à générer de la différence culturelle, de l’identité individuelle et collective.

  • La propension des individus, des clans, des tribus, des sociétés et des civilisations, à se rencontrer, échanger, communiquer.

Marcel MAUSS dans son « Essai sur le don » en 1925, dira : « Pour les anthropologues, l’échange, et notamment l’échange matrimonial est au départ de l’histoire de l’humanité ; quand les peuples réussissent à substituer l’alliance, le don et le commerce à la guerre, à l’isolement et à la stagnation… » (prohibition de l’inceste selon Lévi-Strauss qui pousse à aller voir ailleurs).

Mais pour permettre ces échanges encore fallait-il en avoir les moyens. Les sociétés échangent d’abord au fil de l’eau : le long du Nil, de l’Euphrate et du Tibre. Vers 2000 avant JC de nouveaux navires avec quilles et voilure permettent de traverser la Méditerranée. A la Renaissance apparaissent de nouvelles routes maritimes qui visent la rencontre sur la planète entière.

A l’intérieur des terres c’est vers la moitié du XIX ème siècle que les routes et surtout le chemin de fer mettent les populations rurales en mouvement.

Le processus s’accélère et parvient dans le reste du monde avec les moyens aériens, téléphoniques et informatiques uniformisant inexorablement les modes de vie, les façons de penser et même de rêver.

Si ce brassage produit une érosion des différences, il permet également de masquer la diversité des cultures grâce auxquelles se forment les identités. Alors se forment certaines communautés virtuelles rassemblées par des goûts communs, des préoccupations identiques, qui se distinguent parfois par des tenues vestimentaires ou des attitudes corporelles créant ainsi de nouvelles tribus, souvent très éphémères.

Une autre forme d’altérité consiste à se réapproprier une tradition, des objets, monuments, métiers, fêtes dans une quête des origines, dans la redécouverte de pratiques artistiques ou religieuses ou même culinaires, dans une recherche d’un partage de liens avec son propre groupe ou avec l’extérieur ou, au contraire, afin de s’isoler, d’exclure l’autre qui est devenu l’étranger, qui est craint parce que réellement ou imaginairement trop proche.

2) UNE SOCIETE D’INDIVIDUS « BUREAUCRATISES » :

Comme le fait justement remarquer Thierry MELCHIOR dans «  La fabrication du psychisme » 2006, jusqu’à présent « aucune société humaine connue sur terre ne s’est pensée comme nous le faisons comme une société composée d’individus. Comme une monade isolée relativement indépendant des autres, se définissant par quatre termes : Volonté, Libre arbitre, Conscience et Responsabilité ». Il s’agit donc de décider librement de sa conduite dans une claire conscience des options possibles et en portant la responsabilité de ses choix devant les hommes et, éventuellement, devant Dieu ou des dieux….Mais ce qui nous paraît évident ne l’est pas autant que cela, car il y a une bipartition de l’être humain qui ne peut se vivre uniquement comme une monade de volonté, de libre-arbitre, de conscience et de responsabilité car nous avons un corps et que celui-ci est la part de nature en nous, impossible de nier les pulsions, les passions, la folie.

Freud disait que la culture c’est justement ce qui vient lutter contre cette partie animale en nous, cette partie de nature….Il disait aussi que l’homme est le plus prématuré des mammifères sur terre et qu’il a donc besoin d’un autre longtemps pour l’étayer et lui permettre de vivre.

Pour MARX la différence entre les animaux et les humains c’est que les humains visualisent, imaginent les choses avant de les construire, tels les architectes, alors que les abeilles construisent d’instinct. C’est ce processus qu’il appelle la production.

Pour David GRAEBER dans « Bureaucratie », notre civilisation occidentale est violente parce qu’elle déborde de règles, règlements et autres réglementations qui entraînent des « structures déséquilibrées de l’imagination ». Il explique que nous sommes obligés, dans nos rapports sociaux à un « travail interprétatif » de l’autre, mais la bureaucratie envahissante n’est produite que par une élite qui fait violence à l’autre partie de la société.

Il dit explicitement « ‘….).la violence structurelle génère des structures déséquilibrées de l’imagination. Ceux qui sont au bas de l’échelle doivent dépenser quantité d’énergie imaginative pour essayer de comprendre les dynamiques sociales qui les entourent, ils doivent notamment imaginer les points de vue de ceux d’en haut, tandis que ces derniers peuvent se mouvoir en ignorant superbement une bonne part de ce qui se passe autour d’eux. Autrement dit, les faibles finissent par faire non seulement le gros du travail physique, concret, nécessaire pour maintenir la société en fonctionnement, mais aussi l’essentiel du travail interprétatif. »

Et GRAEBER reconnaît que la plupart de ses idées avaient déjà été développées dans la «  théorie féministe du point de vue » ( la femme, l’esclave).

3) DANS LA PRATIQUE CLINIQUE :

Dans un CMP français aujourd’hui, c’est plutôt une équipe issue de la culture occidentale qui accueille les familles.

Si les enfants sont adressés par des représentants de cette société, c’est par leurs parents, la plupart du temps, qu’ils sont amenés à la consultation.

La mise en récit par ceux-ci, de leur parcours, de leur tentative de compréhension de ce qui se passe, met en avant la culture dont ils sont issus mais, plus que cela, traduit la culture familiale unique dans laquelle ils vivent.

Dans « Temps et récit » en 1983, P. RICOEUR relie le caractère de praxis du récit à celui de phronèsis qui est l’intelligence de l’action et il dit « penser un lien de causalité, même entre des événements singuliers, c’est déjà universaliser. »

Toutes les thérapies d’inspiration freudienne, se positionnent à partir du symptôme en posant la question de son  origine, de son sens, de sa fonction.

Dans les premiers entretiens parents / enfants, il s’agit de déterminer ce qui apparaît dans le récit comme étant vécu par les uns et les autres comme relevant de leur responsabilité ou pas.

Nous savons que plus un comportement est imputé au moi officiel de l’individu, nous dit MELCHIOR (licencié en philosophie et psychopédagogie université libre de Bruxelles) plus il sera légitimé à ses yeux.

A l’inverse si ce comportement est vécu comme imposé du dehors, alors il sera vécu comme illégitime et la psychologie sociale appelle « réactance » la propension de l’individu de s’opposer à ce qu’il perçoit comme une menace pour sa liberté et son indépendance.

Je propose de comparer le récit de ces premiers entretiens à un rite de passage qui amène les protagonistes à une « transformation du soi ».

Pierre-Yves BRANDT (professeur de psychologie de la religion à Lausanne et Genève) parle du « soi » comme d’une instance située à l’interface de la vie intrapsychique et de la construction sociale de l’individu. Le soi n’est pas le sujet, ni le « moi », ni le « je », il est la représentation dont dispose l’individu pour se penser dans la durée, celle-ci est tributaire de la culture et intègre une certaine conception de l’identité individuelle qui peut varier suivant l’âge, le sexe, la position sociale. Ce « soi » doit être pris en charge par le « moi » qui module l’importance qu’il accorde aux identifications offertes par le modèle du soi véhiculé par la culture avec des préférences souvent influencées par la famille.. Une transformation du soi peut résulter à la fois d’une réorganisation sous l’action de facteurs endogènes (nouvelles compétences cognitives, ou expressions pulsionnelles nouvelles,) ou de facteurs exogènes (accès à une nouvelle position sociale ou confrontations à des situations inassimilables par le soi construit jusqu’à présent).

Si nous associons les deux : le travail interprétatif postulé par GRAEBER et la transformation du soi par BRANDT, il apparaît que les parents issus d’une autre culture que la nôtre et qui, en plus, ne sont pas censés connaître toutes les « circonvolutions » entourant les différentes lois, pratiques, us et coutumes de notre pays bien bureaucratisé, ne pourront pas éviter ce fameux travail interprétatif dont parle GRAEBER puisqu’ils sont en état d’infériorité dans une culture donnée.

Dans ce cas, il semble que les parents doivent subir la double peine : non seulement ils ont mis au monde un enfant qui va mal aux yeux de la société, mais ils sont obligés de faire le travail énorme de compréhension des professionnels qu’ils ont en face d’eux.

Et, Pierre-Yves BRANDT rappelle que : » Bien plus qu’il ne veut le voir, le psychothérapeute contemporain est porteur d’une conception de l’identité qu’il propose à son patient.(…) les « psys » sont dépositaires d’un mandat social. Ils ont pour tâche implicite d’aider les gens qu’ils ont en cure à trouver une meilleure adaptation sociale. La mise en place de dispositifs de soins psychothérapeutiques traduit des objectifs sociaux précis. »

Il s’agit donc d’un parcours à deux, d’une co-construction du thérapeute et du patient car si la modification n’était que subie nous parlerions de conformation plutôt que « transformation du soi »

Heureusement, dans nos services où nous continuons à travailler à partir du Transfert et du contre-transfert, nous pouvons espérer que la « transformation du soi » se fera dans les deux sens. C’est dire la chance que nous avons de rencontrer chaque jour des familles d’origines si différentes et de niveaux socio-professionnels aussi divers !

4) NOTRE CULTURE SPECIFIQUE : LE SERVICE PUBLIC HOSPITALIER.

Dans un hôpital, la première des choses que nous devons savoir, à mon sens, c’est que nous sommes soumis à la circulaire DHOS / G N° 2005-57 du 02 février 2005 relative à la laïcité dans les établissements de santé. (Le problème du recrutement des stagiaires parfois)…

ça, c’est notre culture nationale ! Notre culture commune !et il est souvent nécessaire d’expliquer qui nous sommes et ce que nous représentons ; la plupart de nos partenaires eux-mêmes ne font pas la différence entre un CMPP et un CMP ni entre un psychiatre, un psychologue ou un psychothérapeute. Dire que nous sommes un des services de l’hôpital, rassure ou effraie selon les cas…

Il n’est pas anodin de recevoir des parents et des enfants qui ont vécu dans des états théocratiques et qui ne comprennent pas toujours dans quel monde nous vivons.

Pour ce qui nous concerne, nous pensons que les religions tentent de répondre aux problèmes de la masse mais que la psychanalyse tente de répondre au singulier alors même que notre postulat est de croire à l’universalité de l’inconscient et que la clinique du transfert est un outil pour soulager les difficultés des parents et des enfants que nous rencontrons (dans les meilleurs des cas).

Mais notre civilisation occidentale, c’est aussi aujourd’hui le numérique tous azimuts qui fait couler la presse écrite, nous isole en croyant nous relier les uns aux autres par l’intermédiaire des réseaux dits « sociaux », nous rend amnésiques parce que une étude faite par des psychologues montre que « … le simple fait de savoir qu’une information est conservée quelque part dissuade le cerveau de la retenir, parce qu’il considère alors cet effort comme superflu » (L’homme nu p 180).

Les enfants que nous recevons chaque jour sont connecté en permanence, alors comment leur apprendre à résister à la facilité ?

Il m’arrive de tenir des propos qui contiennent des mots de vocabulaire « soutenu » comme disent les profs de français, ou bien de jouer aux mots que nous préférons et quand l’enfant me dit « ça veut dire quoi ? » Je lui réponds : « Demande à monsieur Gogol et moi je vais chercher Monsieur Robert » et nous discutons alors de ce que nous avons trouvé et il arrive parfois que certains me demandent de leur apprendre à utiliser le dictionnaire. Dernièrement j’ai aussi proposé une dictée de gros mots à un enfant qui était très fâché avec les dictées….

Mais nous voyons bien la difficulté pour certains de se passer de ces objets, voici l’exemple d’un enfant qui me demande mon N° de téléphone pour pouvoir me joindre en cas de besoin (eh oui ! le transfert ça existe vraiment !) Je lui dis que mon n° il l’a déjà, il est inscrit sur le petit carton de rendez-vous que je lui remets à chaque fin de séance. Il me dit «  mais non je veux ton n° de portable… » Evidemment je me dis que décidément le transfert opère et lui demande pourquoi et bla bla bla…. Enfin je finis par lui dire que je serais bien en peine de lui donner mon n° de téléphone portable puisque je n’en ai pas. L’enfant me regarde d’un air navré et me dit « Ah bon ! mais t’es pauvre alors ! » J’ai éclaté de rire en lui disant « c’est sûrement ça ! » Il est revenu quand même….

5) LA CULTURE DU SERVICE :

La culture familiale particulière rejoint, à mon sens la culture spécifique d’un service. C’est là que nous pouvons parler ou non de rencontre.

Emmanuel LEVINAS parle de l’Altérité, de la reconnaissance de l’autre dans sa différence, aussi bien culturelle que religieuse. Il dit que la solitude est un désespoir et un isolement dans l’angoisse et que l’humain ne peut sortir de cette solitude que par la connaissance ou par la socialité.

Deux types de relation sont possibles avec une déprise de soi : soit une relation de fusion soit une relation d’altérité. Autrui est un visage (dans Ethique et infini) mais il est aussi discours et parole et je suis appelé à lui répondre. Il y a engagement réciproque, responsabilité l’un de l’autre. Et même je suis responsable pour lui. C’est la définition de Lévinas du «  visage de l’autre ».

Les premières lignes de « Le malaise dans la culture » écrit par FREUD en 1929 mais traduit en français seulement en 1948 dit ceci :  « On ne peut se défendre de l’impression que les humains mesurent communément d’après de faux critères, aspirant à avoir pour eux-mêmes et admirant chez d’autres puissance, succès et richesse, mais sous-estimant les vraies valeurs de la vie. Et pourtant, avec un jugement d’un ordre aussi général, on se trouve en danger d’oublier la bigarrure du monde humain et de sa vie animique…. »

Dans cet ouvrage FREUD dit que l’accès à la culture est une lutte permanente de certains qui préservent cette culture de la destruction de la masse. Il parle d’une éducabilité possible mais dit aussi qu’il faut des moyens permanents car les souhaits pulsionnels renaissent avec chaque enfant : il faut lutter contre le dérapage possible vers l’inceste, le meurtre est quelquefois autorisé et seul l’interdit du cannibalisme fait l’unanimité.

Dans un service dont la référence est explicitement bonnaféenne il s’agit de permettre l’émergence de ce que j’appellerai le « Roman de soi » des parents et de leur enfant. Il est très important que les enfants puissent entendre l’histoire réelle ou reconstruite de leurs parents. Le désaliénisme de Lucien Bonnafé est, à ce titre, particulièrement riche d’enseignement. Il n’y a pas de savoir définitif quant aux moyens que nous aurions de dire qui est normal et qui ne l’est pas…..

Dans son livre intitulé « Le miroir ensorcelé » 2002 il y a un article qui s’appelle tout simplement «  désaliéner » il y est dit textuellement « …  « vérité pratique » ? Le sens de « désaliéner » est fondé sur une recherche d’émancipation de l’esprit, et de fertilisation des rapports humains, dans l’ouverture du regard sur « Je » et autre, beaucoup plus éclairée qu’on accepte ordinairement de le reconnaître par le mouvement surréaliste. Cette perspective va beaucoup plus loin qu’inspirer le travail sur et dans le monde de l’aliénisme, mais elle le concerne fortement. Elle sert à désenfermer le regard sur cet ensemble aliéné / aliénant constitué, avec les secours de la science de « l’aliénation »- au sens-« médical » jadis certifié dans les textes scientistes et officiels sur « la folie »- dans un ordre conforme aux principes et usages d’un ordre exclueur de ce qui le dérange…. »

« Le désaliéniste est celui qui, ayant jeté aux orties le froc de l’aliéniste, se présente sur la place publique et dit : « Qu’y a t-il pour votre service ? ».

L’enseignement est riche et je ne regrette pas d’avoir réclamé et obtenu le statut « d’accompagnateur d’une personne soignée » pour une mère dont le petit garçon qui ne parlait pas m’a expliqué avec insistance, sur plusieurs séances, qu’il était très inquiet et passait son temps à mettre du papier dans la voiture de police, jusqu’au jour où j’ai demandé à la maman si elle avait des papiers en règle… Tant il est vrai que l’on ne voit que ce que l’on a appris à voir et William JAMES (1998) prend l’exemple de la grande ourse dans un ciel étoilé qui apparaît au premier coup d’œil, mais sans apprentissage on ne la voit pas.

Multicultures ou interculture cela fait penser à NIETZSCHE dans « Ainsi parla Zarathoustra », il évoque la bigarrure qui indique la juxtaposition des couleurs, mais aussi des idées, des sensibilités, des goûts qui forment, sans fusionner, la diversité du monde, qui ne peut être réduite à aucune unité. (magazine LE POINT 29 octobre 2015)

Apprendre à chercher ensemble la grande ourse même si le ciel est plein de

brume, c’est peut-être ça la rencontre des cultures. ….

Juin 2016 : Rose-Marie GLATZ Psychologue et J.M.LABROSSE ISP.

 

PLAN:

DEFINITIONS

PETIT RAPPEL HISTORIQUE

  1. UNE SOCIETE D’INDIVIDUS « BUREAUCRATISES »

  2. DANS LA PRATIQUE CLINIQUE

  3. NOTRE CULTURE SPECIFIQUE : LE SERVICE PUBLIC HOSPITALIER ;

  4. LA CULTURE DU SERVICE (IO3)

  5. EXPERIENCES DE RENCONTRES ;



 

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Mise à jour le Samedi, 11 Juin 2016 06:08  

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