Vulnérabilite – Schizophrénie – Cannabis

Mardi, 01 Juin 2010 00:00 Yann TARDIVEL
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Journées Ardèche 2010, Voguë

CANNABIS

Connu depuis plus de 2000 ans en Inde et au Moyen Orient, le Haschisch « herbe de folie et de rêve » pose depuis un siècle à nos civilisations occidentales un problème né d’une consommation d’intensité croissante.

Décrit en 1758 par le naturaliste suédois Karl Von Linne, il est connu sous la désignation de « Cannabis Sativa » (chanvre cultivé).

Introduit en France vers 1850 par Moreau de Tours, le principe actif est le THC (tetra-hydra-cannabinol) ; l’herbe (mélange des sommités fructifères desséchées et des graines) est la préparation de base la moins riche en THC. La sinsemilla en est une variété produite avec les seules inflorescences femelles privées de graines donc plus concentrée en principe actif. Le haschich et ses équivalents sont constitués de résine séchée et compressée (les barettes). L’huile de cannabis est un liquide visqueux, noirâtre à brun-vert, d’ôdeur vireuse caractéristique, préparation la plus riche en THC (25 à 60 %). Le bhang indien ou antillais est une préparation où l’on fait une décoction de cannabis dans de l’eau ou de l’alcool (permettant d’apporter 100 fois plus de THC à l’organisme que la simple aspiration d’une bouffée d’un joint ou d’un pétard).


 

Actuellement les produits changent en lien avec les habitudes de consommation ( THC de 3 à 8), produits transgéniques… très lointains et beaucoup plus toxiques que les anciens « moquette, fumette, herbe, chichon » qualifiés de « drogue douce ».

En France, on dénombre 1 500 000 usagers réguliers du cannabis avec plus de 500 000 usagers quotidiens et multiquotidiens (à titre comparatif 150 000 héroïnomanes).

Dans les populations des 13/15 ans, on estime à 300 000 adolescents usagers (en France 14 % d’adolescents), après 17 ans plus de 50 % d’entre eux ; 3,9 millions de français en ont un usage une fois par an.

De plus, le cannabis est porté sur les épaules du tabac (dépendance avisée). Plus tôt l’essayer, c’est plus vite l’adopter et plus intensément se détériorer (le cerveau de l’adolescent est en pleine maturation et notamment la voie méso-limbique).

Par son exceptionnelle lipophilie (plus de 10 000 000 fois plus soluble dans les graisses que dans l’eau, le THC traverse aisément la barrière hémato-encéphalique et se dissout puis s’accumule dans les graisses du cerveau.

L’existence de récepteurs spécifiques aux cannabinoïdes n’a été prouvée qu’à partir de 1991 de même que celle des ligands cannabinoïdes. (ligands endogènes, exogènes naturels et synthétiques).

Deux types de récepteurs ont été caractérisés :

C’est donc CB1 qui est plutôt impliqué dans les effets psychotropes des cannabinoïdes (CB2 l’est dans leurs effets immuno-modulateurs).

Le THC ne se désorbe de ses sites de stockage lipidiques que sur un temps très long, passant alors « au retour » et au long cours, à faible concentration, devant les récepteurs CB1 qu’il avait intensément stimulés « à l’aller » ; les faibles concentrations de THC issues de cette lente désorption suffisent à exercer un effet délétère maximal particulièrement rémanent.

Effets psychiatriques du cannabis

Il conviendra de distinguer les types d’usages et surtout d’usages nocifs (populations à risque) et d’abus puis de dépendance (rappelons qu’au sens phénomélogique, l’addiction est une conduite qui repose sur une envie constante et irrépressible, en dépit de la motivation et des efforts du sujet pour y échapper), de la consommation occasionnelle.

Bien que discutée, la dépendance au cannabis est reconnue, elle s’installe dès l’adolescence (15 % des adolescents consommateurs) se développe pendant plusieurs années ; l’arrêt est souvent motivé par les complications de cette consommation et surtout psychiatriques.

Les effets psychiatriques des prises aiguës de cannabis

Ivresse cannabique (Cf. Moreau de Tours)

Les troubles anxieux (très fréquents)

Les troubles psychotiques aigus :

Les effets psychiatriques des prises chroniques du cannabis

Le syndrome amotivationnel (Ball)

souvent lié à une imprégnation cannabique importante et ancienne. Il associe classiquement un déficit de l’activité, une indifférence affective et une asthénie physique et intellectuelle avec pauvreté et ralentissement idéique. Les perturbations cognitives sont au premier plan. Cette indifférence affective entraîne un rétrécissement de la vie relationnelle, une passivité, un désinvestissement scolaire et professionnel avec asthénie, anhédonie, apathie, apragmatisme, troubles cognitifs, tristesse de l’humeur.

- L’intensité des symptômes peut en imposer par une forme déficitaire d’un trouble schizophrénique.

SCHIZOPHRENIE

Effets du cannabis sur le trouble schizophrénique

La consommation de cannabis chez les schizophrènes est mal appréciée par les soignants qui en sous-estiment le niveau et l’implication sur le trouble psychiatrique. Sous verbalisée et sous-estimée par le patient lui-même qui est attiré par ce produit et ses effets euphorisants, anxiolytiques et désinhibiteurs (en fait environ 47 % des patients seraient consommateurs).

Sur le plan clinique, le cannabis aggrave le cours de la maladie :

Hypothèses étiopathogéniques

La forte co-occurrence de l’association abus de cannabis et schizophrénie pose de nombreuses questions étiopathogéniques sur son rôle dans le développement de ce trouble.

De nombreux facteurs neurobiologiques sont impliqués

VULNERABILITE DU SCHIZOPHRENE ENVERS LE CANNABIS

 

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Docteur TARDIVEL Yann,

Psychiatre des Hôpitaux.

 

- Cannabis et schizophrénie, ateliers psychoses - Dr X. Laqueille

- Cannabis et schizophrénie, épidémiologie et clinique - X. Laqueille, A. Dervaux. Sainte Anne Paris

- Cannabis et dépression - J. Costentin, Culture psy.

- La psychose chronique du cannabisme Morin Actualités Psychiatriques - J. Gaillecheau

- Usage nocif du cannabis - I.N.P.E.S.

- Données actuelles sur les liens entre cannabis et schizophrénie - E. Mulapert, M. Reynaud, Synapse.

Mise à jour le Mercredi, 04 Juin 2014 18:33