Psychiatrie de Secteur à l'Hôpital Général

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Home Les textes des interventions Évolution de la psychiatrie APPORT DES ARTS ET DE LA CULTURE AUX PATIENTS

APPORT DES ARTS ET DE LA CULTURE AUX PATIENTS

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(Cycle de formation 2016, du 29 mai au  4 juin 2015 - CAP FERRET - 33)

Thème préparé par:

Dr Anne PARRAUD MARTIN (Psychiatre), Mme Françoise MUYARD (infirmière)

Notes de l'atelier rédigées par :

 


 

APPORT DES ARTS ET DE LA CULTURE AUX PATIENTS,

A PARTIR DE L'EXPÉRIENCE DE LA FERME DU VINATIER

 

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INTRODUCTION

Pourquoi l’art ? Les liens entre l’art et le soin psychique existent depuis la nuit des temps comme le rappelle le récit biblique de l’apaisement des terreurs du roi Saul par la cithare de David, ou celui de l’enfant par les chants de sa mère. L’art est une chose inutile et indispensable, à l’aube de l’humanité comme de la vie humaine.

La neuropsychologie a étudié ce qui touche le spectateur d’une œuvre picturale : c’est l’ampleur du geste. Expérience de l’activation de l’amygdale par observation d’une toile

L’expérience initiatique racontée par Fabienne Verdier dans Passagère du silence (2003): incarnation d’énergie dans le trait… circulation du sang/de l’encre. La peinture chinoise prend sa source dans la nature et traduit la brise, le mouvement, le souffle.

La peinture peut être un exercice d’émancipation de soi, à l’écoute de la source vive qui est en nous… L’ouverture à cette expérience de la sensibilité, quand on l’éprouve, finit par laisser une empreinte que l’on a envie de faire partager : aux proches, aux amis, mais aussi aux patients…

Je ne veux pas me focaliser sur la peinture, j’y reviendrai plus tard, mais je vais d’abord vous présenter un bel outil qui a été mis en place au Vinatier en 1997, non sans réticence voire opposition d’une partie des agents de l’hôpital, La FERME.



Qu’est-ce-que la Ferme du Vinatier ?

  • La Ferme du Vinatier, service culturel de l’hôpital, associé à la Direction du Centre Hospitalier Le Vinatier, hôpital psychiatrique situé à Bron (69), conçoit et met en œuvre la politique culturelle de l’établissement.

  • Un espace situé dans un ancien bâtiment agricole réhabilité, aujourd’hui doté d’une salle de spectacles et d’ateliers et d’une salle d’exposition

  • Un lieu basé au sein de l’hôpital mais ouvert sur la cité, dédié à la création, la médiation, la formation et la diffusion culturelles

  • Un lieu innovant qui s’inscrit dans le programme « Culture et santé », reconnu et soutenu par l’Etat, les collectivités territoriales et mobilisant un réseau dense de partenaires culturels et scientifiques


Quels sont ses objectifs?

1. Combattre les préjugés sur la maladie mentale, la psychiatrie et l’établissement psychiatrique, en favorisant l’émergence de temps et d’espaces publiques qualifiés, propices à la rencontre et au dialogue, et par là même à une meilleure compréhension de ce monde, notamment en donnant la parole aux usagers, mais aussi aux professionnels hospitaliers

2. Offrir aux malades la possibilité de s’inscrire dans des aventures créatives où leur potentiel est stimulé, dans lesquelles ils peuvent développer des relations humaines et sociales complémentaires au soin et dont l’aboutissement est porteur d’une grande gratification.

3. Favoriser les liens entre l’hôpital psychiatrique et son environnement urbain en développant et en accompagnant les collaborations avec les acteurs culturels et universitaires de la ville.

4. Accompagner les nécessaires évolutions des cultures professionnelles et de la place symbolique et réelle de l’hôpital en lien avec les changements culturels et sociologiques de la population.


Quelles sont les missions de la Ferme ? Quels sont ses domaines d’intervention?

  • Des missions multiples de médiation, de création, de diffusion et d’ingénierie culturelles:

1. Ateliers de pratique, création et diffusion artistiques en interaction avec les partenaires culturels du territoire, voire au-delà

2. Appui aux services de soins dans la mise en place de projets (dispositif « Eclats d’art – Réseau des projets artistiques des unités de soins du CH Le Vinatier ») et exploration de nouveaux modes de coopération culturelle à l’hôpital

3. Programmation d’expositions et de rencontres scientifiques croisant des approches pluridisciplinaires sur le thème de la santé mentale

4. Accompagnement de projets institutionnels


Voyons ces quatre points plus en détail :

I. La création, la pratique et la diffusion artistiques

* Une participation active aux manifestations artistiques organisées par les équipements culturels de proximité : Fête du livre de Bron, Fête des Lumières de Lyon, Printemps des Poètes, Biennale Hors les Normes, Assises Internationales du Roman, etc…

* Des projets d’action artistique construits dans le cadre de partenariats avec des structures culturelles du territoire et associant les usagers de l’établissement (Opéra National de Lyon, Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon, Villa Gillet, Espace Albert Camus, Centre Chorégraphik Pôle Pik, etc…).


Concrètement, ces actions se traduisent par:

1.1 Des ateliers :

  • Proposer aux patients des ateliers de découverte, de pratique et de création artistique, dans toutes les disciplines, animés par les équipes artistiques et culturelles partenaires.

  • Associer les patients à des aventures de création collectives, autour d’un artiste, dont les réalisations sont présentées à l’hôpital et dans les espaces culturels des structures partenaires.

1.2 Des résidences et des interventions dans les services
Accueillir des artistes à la Ferme qui nourrissent leur création du lieu et des rencontres avec les patients et les soignants de l’hôpital tandis qu’ils leur font partager leur art, notamment à travers des interventions directement dans les services.

1.3 Des formations
Proposer aux soignants de l’hôpital des formations de sensibilisation et de pratique artistique avec des équipes artistiques professionnelles, en parallèle ou indépendamment des ateliers suivis par les patients.

1.4 Une programmation culturelle (la diffusion)
Programmer régulièrement des manifestations publiques et artistiques dans lesquels sont concernés au même titre les personnes en soin, les personnels et les publics extérieurs. La programmation vise aussi à faire connaître les créations des équipes artistiques partenaires qui s’impliquent dans les ateliers et les formations.

En juin, la Ferme du Vinatier propose ses scènes de rencontres « Au cœur de tes oreilles ».


II. L’appel à projet Eclats d’Art

  • L’appel à projet est issu d’une proposition de la Ferme à la Direction Générale de l’hôpital pour faire évoluer les modes de coopération avec les services dans le domaine de l’action culturelle dans le cadre du programme régional « Culture et Santé ». Les services deviennent des opérateurs de projets culturels et participent à un réseau institutionnel coordonné par la Ferme. Celle-ci devient partenaire des services et assure une assistance à la mise en œuvre des projets.

  • Les objectifs sont de :

  • Démultiplier les forces vives de l’hôpital dans le domaine artistique et culturel.

  • Mieux impliquer les équipes de soin.


III. Un volet scientifique
3.1 Le patrimoine

* Une politique patrimoniale axée sur la mémoire : inventaire du patrimoine mobilier et architectural, recueil de la mémoire vivante, structuration et valorisation des archives de l’hôpital, protection et valorisation du site.

* Des projets d’action culturelle dans une perspective à la fois historique et anthropologique sur les questions de santé mentale à partir de ce travail de longue haleine de patrimonialisation.

3.2 Les expositions

Organiser ou accueillir ponctuellement une exposition grand public sur un thème de société en rapport avec la santé mentale. Ces expositions permettent de mieux faire connaître et comprendre à tous la maladie mentale et la psychiatrie.

3.3 La diffusion scientifique
Proposer à tous les publics, internes et externes à l’hôpital, des rencontres sur des sujets de société avec des psychiatres et des universitaires en sciences sociales et humaines. Ces rencontres peuvent mettre en perspective des éléments de la mémoire et du patrimoine de l’hôpital, présenter le travail d’un chercheur sur le site du Vinatier ou compléter le propos d’une exposition.


IV. Accompagnement de projets institutionnels

Exemples :

4.1 Actions culturelles dans le cadre des transformations de l’hôpital :

* exposition photographique « De l’asile départemental de Bron au Centre Hospitalier Le Vinatier, portraits d’un hôpital au fil du temps »,

* actions dans le cadre du Projet d’Urbanisme et de Paysage : Exposition de sculptures lumière dans le parc du CHV à l’occasion de la Fête des lumières, résidence artistique à partir de captations sonores, photo et video sur le site de l’hôpital : livre DVD « Le Vinatier, regards poétiques sur un hôpital en mouvements » avec les collectifs artistiques Le MaTriCe et L’Arfi en 2011

4.2 Volet culturel du partenariat entre le CHV et le CHU du Point G de Bamako (Mali): 2007-2010

4.3 Co pilotage du projet partagé avec le Centre de Formation de Musiciens Intervenant à l’école – Université Lumière Lyon 2

Missions du CFMI pour et avec le CHV :

  • Développer des actions et des médiations culturelles dans la discipline musicale pour les patients de l’hôpital.

  • Développer des offres de formation continue croisant musique et santé mentale pour les personnels de l’hôpital.


Quelles modalités de régulation des collaborations avec les structures associées?

  • Comité de suivi du projet partagé CHV – CFMI : représentants du CFMI et des corps professionnels de l’hôpital

  • Conseil d’Orientation Culturelle (COC) : représentants des partenaires culturels forts, Ferme du Vinatier et différentes composantes professionnelles de l’hôpital


L’équipe de la Ferme du Vinatier

Une équipe professionnelle dans le champ de la culture assurant la médiation entre les patients, les soignants, les acteurs du monde artistique et culturel, les œuvres et tous les publics.

  • Hubert Meunier, Directeur du CH Le Vinatier

  • Coline Rogé, chef de projet

  • Sylvain Riou, chargé des projets artistiques et des expositions

  • Emilie Pigeon, assistante administrative et communication

  • Isabelle Buendia, hôtesse d’accueil


Partenaires de la FERME


Partenaires financiers (en 2015-2016) :

Ministère de la Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles Rhône-Alpes,

Ministère de la Santé – Agence Régionale de la Santé en Rhône-Alpes,

Région Rhône-Alpes,

Métropole de Lyon

Ville de Bron

Partenaires institutionnels et culturels (en 2015-2016) :

Centre de Formation de Musiciens Intervenant à l’école de l’Université Lumière de Lyon,

Conservatoire à Rayonnement Régional de Musique de Lyon,

Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne,

Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon,

Espace Albert Camus,

Lire à Bron,

Centre Chorégraphik Pôle Pik,

Cinéma Les Alizés,

La Villa Gillet,

Quais du Polar

Compagnies Locus Solus, Pascoli, UGomina, Aircompagnie, Allegria Symphonique Orchestra, les Bretons de Lyon,

Artistes Nadine Lahoz-Quilez, Sam Perkin, Maeva Combescot, Maïa Arnaud



UN PEU D’HISTOIRE


J’ai repris le rapport annuel de 2002 car j’étais alors Vice Présidente de la CME et donc assez impliquée dans le projet de cette structure.


Depuis cinq ans, la Ferme du Vinatier est inscrite dans le Projet d'établissement comme une expérimentation sociale et culturelle d'interface entre l'hôpital et la ville. Elle a pu, dans ce laps de temps, confirmer un certain nombre d'hypothèses de départ et elle en fait évoluer d'autres ; elle a concrètement réussi nombre d'initiatives ; elle a tissé des liens de confiance et d'estime à l'extérieur comme en interne ; elle a su trouver les moyens de sa mise en œuvre et elle a, bien entendu, aussi rencontré des difficultés et des limites. Cependant, elle est à présent en mesure, dans la perspective du nouveau projet d’établissement de l’hôpital (2004-2008), de confirmer les objectifs poursuivis et d’affirmer ses choix méthodologiques basés sur le partenariat et le professionnalisme.

L’année 2002 est marquée par l’inauguration des locaux de la ferme pouvant désormais accueillir au quotidien l’équipe, les activités et les publics. La spatialisation régulière des projets artistiques et culturels facilite considérablement l'identification par les personnels et par la population de ce lieu ressource. En effet, c'est un nouvel espace public de la ville qui est ainsi proposé à la population pour mieux connaître la psychiatrie et partager des émotions artistiques avec ceux qui y sont soignés et ceux qui y travaillent.

Dans la continuité de la réussite de la méthode partenariale, du positionnement hospitalier mais non directement thérapeutique, de la mise en visibilité comme condition de la dignité, l'opportunité de permanence d'un lieu permet le développement de nouveaux projets avec tout le savoir-faire déjà capitalisé.

L’année 2002 est aussi marquée par la signature d’une convention triennale d’objectifs et de moyens avec l’Etat - ministère de la Culture et de la Communication. Cet engagement à moyen terme de la DRAC Rhône-Alpes traduit une confiance qui s’est tissée au fil du temps et que nous aimerions voir s’élargir à l’ensemble de nos partenaires. Ce mode de financement fondé sur l’intérêt pour une démarche plutôt que pour des actions offre à la Ferme du Vinatier une plus grande souplesse dans ses initiatives, rendant possible la réactivité en cours d’année aux changements de l’institution, aux sollicitations des services de soins ou aux propositions des équipes artistiques, culturelles et universitaires. Cette convention simplifie considérablement les procédures administratives de recherche de financements qui, dans notre cas, sont complexes eu égard au nombre d’actions et au nombre de financeurs sollicités pour chacune d’elle.

Il est par ailleurs notable, cette année, que l’adhésion des personnels, en particulier du corps médical, à la Ferme du Vinatier, permet de travailler dans une plus grande sérénité et complicité avec les équipes soignantes. Cependant, les difficultés globales que rencontrent les hôpitaux aujourd’hui pèsent lourdement sur la capacité des mêmes équipes à s’investir concrètement dans les activités culturelles qui leur sont proposées. Cela a pour effet immédiat de rendre plus difficile la constitution de groupes de patients qui s’engagent durablement dans les ateliers de création. En effet, les soignants sont bien souvent dans l’impossibilité objective de les accompagner à la ferme. En raison de leur maladie mais aussi de leurs traitements médicamenteux, les patients trouvent avec peine l’énergie pour exercer une activité régulière.

En revanche, les expériences qui ont conduit les artistes au cœur du service se sont révélées très gratifiantes pour tous les acteurs du projet. Les patients ont pu participer activement et régulièrement aux activités proposées dans le contexte rassurant de l’unité de soins. Les personnels étaient, de fait, plus largement associés au projet artistique et l’artiste, tout en disposant de sa place irremplaçable, pouvait s’appuyer sur l’encadrement soignant. Cette démarche, dite de « résidence », est donc à renforcer et à développer. Mais il serait regrettable d’abandonner pour autant les ateliers transversaux à la ferme qui offrent un espace de plus grande liberté, d’un plus grand « exotisme » pour les patients, en particulier pour ceux qui, depuis trois ou quatre ans, ont construit un lien durable et privilégié avec la Ferme en participant à toutes les aventures de création.

La médiation culturelle avec les catégories des soignants et des patients reste donc un élément conditionnel à la réussite des actions développées par la Ferme en collaboration avec les acteurs culturels et les services de l’hôpital. Bien que la phase de construction d’une légitimité semble être dépassée, il reste encore beaucoup à faire pour inventer ensemble les liens les modes de collaboration les plus adaptés et les plus riches avec les patients et les soignants.

Par ailleurs, la visibilité de la Ferme auprès des publics extérieurs a fait un saut quantitatif et qualitatif cette année, en particulier grâce à l’intérêt que la presse a manifesté pour l’exposition « …avez-vous donc une âme ? » (cf : article de Libération). Cependant, il s’agit d’un public qui, loin d’être captif, doit faire preuve de volontarisme en se rendant à la ferme, lieu excentrique et excentré. La fréquentation du public externe à l’hôpital constitue pour autant une des raisons d’être du projet. Elle nécessite un travail continu de communication mais aussi de médiation. Les publics d’étudiants, en particulier, font leur miel des activités de la Ferme. L’exposition, par exemple, constitue un élément pédagogique et déclencheur de questionnement idéal. Mais dans ce domaine aussi, il reste beaucoup à faire en direction des associations d’usagers et du secteur social en général.

La pérennité des locaux ne doit en aucun cas laisser penser à qu’il suffirait désormais d’assurer une programmation annuelle pour justifier le projet. Plus que jamais la vigilance et la réceptivité des battements de cœur de l’hôpital et au-delà de la société doivent être de mise. À ce jour, la Ferme du Vinatier est mûre pour s’ouvrir à des partenaires européens et mettre en œuvre les processus d’une réflexion sur la psychiatrie à l’aune de la comparaison et de l’échange. Ceci mis à part, les perspectives dans le nouveau projet d’établissement du Centre hospitalier Le Vinatier sont de conforter les axes de travail qui ont fait leur preuve dans la première phase : patrimoine et exposition, recherche et manifestations scientifiques, partenariats artistiques.

Malgré les participations et les appréciations encourageantes des personnels, des patients et des publics, malgré la pérennité et la qualité des locaux, la Ferme est fragilisée par l’arrivée, la même année, des fins de contrats « Emploi-jeune » et « consolidé » qui menace de réduire l’équipe à son seul chef de projet. La question va se poser de savoir jusqu’où l’hôpital peut porter un coût de fonctionnement brutalement doublé par la fin des aides à l’emploi. Cette question ne doit-elle pas être posée avec l’ensemble des partenaires, au regard des résultats et de l’utilité sociale de la Ferme.


1. LES JUMELAGES ARTISTIQUES

A - Les Hauts Navires à Musique

Au cours de l’année 2002, les équipes de musiciens intervenant ont prolongé le travail d’appropriation et d’expression vocale engagé depuis 2000. Ils l’ont infléchi vers plus d’improvisation et une plus grande créativité. Comme cela était le cas les autres années, un dispositif de formation a accompagné les acteurs du projet.

La formation « Sensibilisation à l’art vocal », menée au sein du Vinatier depuis 2000, est reconduite chaque année à la demande des soignants. Quatre Solistes de Bernard Tétu ont initié une quarantaine de soignants et d’orthophonistes de l’hôpital à l’art vocal. Cette année, un groupe spécifique aux orthophonistes a été créé. Cette formation porte sur des compétences vocales et non thérapeutiques. Elle a été réorienté en 2002 vers plus de créativité, en lien avec le projet global des Hauts navires à musique. Il s’agissait de séances mensuelles d’une durée de deux heures environ.

  • Concerto pour HP : un atelier de musique pour les patients adultes

Un atelier de musique pour patients adultes, appelé Poétique du quotidien et mis en œuvre avec le CFMI, a débuté au mois de janvier. Animé par un musicien électro-accousticien, le travail a consisté à recueillir des éléments sonores différents issus de la salle de travail, du parc de l’hôpital ou bien encore de la ville. Ces éléments ont été agencés par le musicien en studio en vue de créer une pièce musicale intitulée « Concerto pour HP (Haut-parleurs), les patients intervenant, pour la phase finale, dans la diffusion de cette pièce.

Composé de 7 patients adultes et de 2 accompagnateurs/soignants, le groupe s’est formé très rapidement. Certains patients avaient déjà participé, l’année précédente, à l’atelier de création de chansons. Les participants, assidus et engagés, ont découvert à cette occasion l’univers de la musique concrète. La création, « Concerto pour H.P », a été diffusée pour la première fois au cours de la présentation de saison de la Ferme au mois de septembre. Elle a rencontré un vif succès. Enrichie d’une projection vidéo, elle a également été rediffusée, en public, lors du festival Ecouter Voir au mois de novembre, dans la salle Molière. Tous les patients étaient présents lors de cette manifestation. La satisfaction et la joie ont rapidement succédé au stress lié à la représentation publique.

B – Doux songes et autres racontars : une bande dessinée pour la Fête du livre de Bron

Pour la cinquième année consécutive, la Ferme du Vinatier s’est associée à la Fête du livre de Bron. Pour l’année 2002, les deux structures ont partagé une ambition : la création d’une bande dessinée par des adolescents. Elles ont également associé l’école Emile Cohl, école supérieure spécialisée dans le graphisme, le dessin, la bande dessinée….

Quatre adolescents du Centre Médico-Psychologique « Maryse Bastié », rattaché au service du Docteur Boudart, se sont lancés dans l’aventure, ainsi que deux autres adolescents usagers de la bibliothèque de Bron.

Ils ont travaillé en deux phases : ils ont d’abord écrit des scénarios avec Pierre Verdoja, scénariste, puis ont confié leurs scénarios aux étudiants en dernière année d’étude à l’école Emile Cohl. Ces derniers ont mis les petites histoires en images, sous la direction de Frédérick Mansot, illustrateur, dans un processus d’échange avec les jeunes auteurs. Les meilleures planches ont intégré l’album Doux songes et autres racontars.

Cette aventure a généré de multiples rencontres entre adolescents, étudiants et professionnels de la bande dessinée. La bande dessinée a été largement plébiscitée par les lecteurs, pour le plus grand plaisir des auteurs amateurs et des dessinateurs débutants.

Le projet aurait gagné en qualité, à la fois en termes de processus et de résultats, à bénéficier de quelques séances supplémentaires ainsi qu’à impliquer plus d’adolescents. S’il se renouvelle, ces deux réserves seront prises en compte.

La séance de dédicaces, le dimanche de la Fête du livre, a attiré beaucoup de monde. Les adolescents étaient très fiers de présenter et de signer leur travail, d’expliquer au public ainsi qu’aux journalistes comment ils s’étaient lancés dans l’aventure.

C – Le printemps des poètes : Jusqu’au printemps des mots…

Dans le cadre du « Printemps des poètes », La Ferme du Vinatier, en partenariat avec l’association Pandora, association spécialisée dans l’action culturelle en lien avec la lecture et l’écriture a proposé aux résidents des foyers du Centre hospitalier Le Vinatier d’inviter un poète selon des modalités définies collectivement. Quatre foyers ont répondu à l’appel et décidé de se lancer dans le projet. Trois poètes sont venus dans ces lieux partager des moments de lecture et d’écriture de poésie autour d’une tasse de café durant plusieurs mois. La rédaction collective et individuelle de poèmes a fait l’objet de la publication d’un recueil de poésie Jusqu’au printemps des mots, Poèmes des uns et des autres à l’hôpital Le Vinatier, aux éditions « La passe du vent ».

2. ENIGME ET HISTOIRES DES OBJETS PERSONNELS

Exposition « …avez-vous donc une âme ? objets privés et hôpital psychiatrique au Xxème siècle »

Ouverture le 8 octobre

Ils étaient 800 objets. Rangés, classifiés, étiquetés, à somnoler dans les sous-sols de l’hôpital, certains depuis 1920. Leurs propriétaires les ont confiés, bon gré, mal gré, aux bons soins de l’établissement psychiatrique en même temps que leur santé mentale. Ils sont 800 objets privés mis en lumière après avoir constitué le point de départ d’interrogations et d’explorations collectives d’historiens, d’ethnologues, de psychiatres…. Interrogations sur ces existences singulières trop souvent réduites à leur seule particularité d’avoir été brisées par la maladie mentale. Interrogation sur le rôle joué par les objets quotidiens dans la structuration psychique et le rapport au monde de chacun. Interrogations concernant la prise en compte par l’hôpital de l’importance des objets personnels et des effets de leur substitution par des objets communs.

Ouverte le 8 octobre 2002, cette exposition destinée à tous les publics, est le fruit d’une réflexion pluridisciplinaire des membres du conseil scientifique, à partir des textes écrits par l’ethnologue Jean-Paul Filiod.

Sa mise en œuvre croise des approches multiples (patrimoniale, ethnologique, artistique, documentaire, historique, médicale), qui permettent d’associer les personnels et les patients à la démarche d’ensemble.

Il s’agit d'aller à l'encontre de la tendance de chacun à réduire les êtres humains à une seule facette de leurs identités, en l'occurrence la maladie mentale. L’exposition a pour ambition d’éveiller la conscience des visiteurs sur l'humanité ordinaire des malades mentaux. Sans pour autant être dans le déni de l'étrangeté de la folie, les objets présentés font resurgir ce qu'il y a de foncièrement commun à nous tous. Les réactions des publics depuis le mois d’octobre répondent à ces attentes au-delà de tous nos espoirs. Livre d’or et commentaires en direct témoignent d’une profonde émotion ressentie par les visiteurs, une de ces émotions qui contribuent à transformer son rapport aux idées préconçues. Malgré un très grand contraste entre les commentaires, nous avons bon espoir que cet objet culturel participe activement à l’objectif général de la Ferme qui est de lutter contre la stigmatisation de la maladie mentale.

En revanche, il est plus difficile d’évaluer, pour l’instant, les effets de la visite de l’exposition sur les personnels. Elle a aussi été conçue de manière à interroger les soignants et les médecins sur la place qu’eux-mêmes laissent aux objets de la vie quotidienne des patients, porteurs d’intimité. C’est à l’occasion des conférences qui accompagnent l’exposition que s’exprime parfois le malaise vécu par les professionnels à l’égard de la dimension intrusive des pratiques d’inventaire obligatoires en milieu psychiatrique.

Enfin, les réactions des patients sont très contrastées et il est impossible d’en tirer une généralité. Entre identification positive se traduisant par le dépôt de ses propres objets et impossibilité de rester dans l’espace d’exposition, toutes les réactions constatées.

Parler des ateliers mémoire à la toute fin des années 1990 dans le cadre des ateliers mémoire organisés pour préparer l'exposition « 7 propos sur le septième ange. Une histoire de l'hôpital du Vinatier ».

Parler de la participation de la Ferme au travail de mémoire fait avant la construction du nouvel hôpital : sur les anciens bâtiments, expo photos, travail d’écriture…


. . . à suivre dans la seconde partie





Mise à jour le Dimanche, 10 Juillet 2016 16:13  

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